ID 2.100.
2023
Photographie Virtuelle
Photomaton, ePhoto
10 × 15 cm
ID 2.100. utilise le mode « photo pour titre de séjour » des cabines ePhoto / Photomaton pour produire des photos d’identité d’avatars issus de jeux vidéo multijoueurs, minutieusement reconstruits par l’artiste à partir de photographies de réfugiés réalisées par des photojournalistes internationaux. Chaque image suit le même protocole qu’une photo d’identité standard, reçoit un code numérique et est enregistrée dans la base de données : ces visages virtuels entrent littéralement dans l’infrastructure des documents officiels. Le projet interroge alors ce qui fait portrait aujourd’hui : la photographie matérielle sur nos papiers, l’avatar virtuel ou la somme de nos images disséminées entre jeux, réseaux sociaux et systèmes d’identification étatiques.
ID 2.100. (Identité 2.100.) est un projet photographique de Maxim Zmeyev composé d’une série d’images réalisées dans une cabine ePhoto / Photomaton pour l’obtention d’un titre de séjour français. Pour ce projet, le système de reconnaissance faciale de l’État a été « détourné » : au lieu de visages réels, l’artiste y présente des portraits d’avatars créés dans des jeux vidéo multijoueurs populaires. Ces avatars, présents dans toute la série, sont conçus par l’artiste à partir de références visuelles tirées de photographies documentaires de réfugiés réalisées par des photojournalistes dans le monde et publiées en 2022–2023.
Avant d’entrer dans un nouveau monde virtuel, chaque joueur crée son avatar – son apparence et la manière dont il sera perçu. Les éditeurs de personnages des jeux et métavers, de Minecraft à GTA V, permettent de façonner des figures allant du pixelisé au photoréaliste. Une fois le personnage créé, le joueur est admis dans le monde du jeu, où il doit survivre, gagner de l’argent, communiquer, s’amuser. Dans le monde physique, l’« avatar » d’une personne devient sa photographie sur les documents officiels, qui lui ouvre l’accès aux droits de vivre, travailler, voyager, se soigner.
Comme beaucoup d’autres en 2022, l’artiste devient réfugié. Selon l’ONU, le nombre de personnes déplacées de force dépasse les 100 millions cette année-là, en partie à cause de la guerre que la Russie mène contre l’Ukraine. Depuis novembre 2022, il vit en France et, comme d’innombrables réfugiés et migrants, il est occupé à créer un nouvel « avatar » administratif en obtenant de nouveaux papiers. Lorsqu’il réalise une photo pour son titre de séjour dans une cabine Photomaton, le portrait numérique est automatiquement enregistré dans une base de données, un code numérique unique lui est attribué : le visage de l’artiste devient une partie de son identité officielle.
ID 2.100. explore les parallèles entre acquisition de l’identité et construction de la subjectivité dans les mondes physique et numérique. Le projet examine la relation entre individu et État, ainsi que les mécanismes de contrôle social fondés sur l’identification, tout en interrogeant la matérialité et l’authenticité de la photographie virtuelle. Il pose la question de ce qui constitue un portrait aujourd’hui : l’image matérielle d’un document, l’avatar numérique ou la somme de nos représentations disséminées dans les métavers, les jeux et les réseaux sociaux.
Chaque photographie du projet suit un protocole précis : capture de l’avatar dans l’éditeur de personnage d’un jeu, re-photographie de cet avatar dans la cabine Photomaton en mode « Photo pour titre de séjour », impression dans la cabine puis numérisation du tirage pour créer une nouvelle image digitale. Ce flux de transformations reflète la complexité bureaucratique que traversent réfugiés et migrants. Les « artefacts visuels » qui apparaissent à différentes étapes deviennent des métaphores des fractures, réécritures et déplacements que subit l’identité lorsqu’elle doit être reconfigurée dans un autre pays.





































































































